Le sociologue Mamadou Dème, spécialiste de la question des immigrés est très en colère suite à l’idée émise par le consul général du Sénégal à Paris pour discuter avec les autorités françaises sur une carte de séjour des retraités. Le sociologue et du parti leader de Kisal Sénégal a montré les limites de nos représentations diplomatiques dans l’Hexagone. A travers cette réplique M. Dème situe le danger de cette carte et fait des propositions concrètes.
Les ressortissants sénégalais en France retraités sont confrontés à un dilemme et à un piège liés à la permanence de la régularité de leur séjour en lien avec leurs désirs d’aller enfin se reposer comme cela se mérite auprès de leurs familles qui sont restées au Sénégal.
Si leur carte de séjour ordinaire leur permet de résider de manière continue pour une période strict de trois ans,leurs situations administratives deviennent caduques au delà des trois ans hors du territoire français conformément aux dispositions de la loi CESEDA
Les autorités consulaires et diplomatiques qui envisagent de sensibiliser les sénégalais autour de la carte de séjour retraité pour qu’ils la substituent à leur carte de séjour ordinaire pour pouvoir rester comme ils veulent au Sénégal avant de revenir ponctuellement en France
C’est à la fois une grave erreur stratégique qui ne va pas à moyen et long terme dans le sens des intérêts des sénégalais retraités et une faute professionnelle car elle renforce la France dans sa logique restrictive de gestion des flux migratoires à distance.
En l’absence d’une convention sociale qui stipule la réciprocité des prises en charge en matière d’assurance maladie et de vieillesse entre la France et le Sénégal, la territorialisation des droits sociaux en France pénalisait déjà largement nos compatriotes qui ont cotisé plusieurs années durant aux différentes caisses des droits sociaux sans pour autant en pouvoir bénéficier dès qu’ils sortent du territoire Français sur un certain nombre de droits liés à la santé, à la vieillesse et à la dépendance
En séjour au Sénégal, il n’ont droit à aucune prise en charge en matière d’assurance santé et de vieillesse et sont soumis à la contrainte administrative de la preuve de vie dont la durée est inférieure à celle que l’on demande aux retraités Français qui ont cotisé dans les mêmes caisses d’assurances sociales
Et c’est là que se trouve le piège de la rétention administrative de la carte de séjour retraité qui suppose une domiciliation dans le pays d’origine et une possibilité de renouvellement à partir du consulat français se trouvant au Sénégal mais qui n’est malheureusement pas équipé pour cela.
Plusieurs retraités sénégalais ont déjà fait l’objet d’une expérience amère de cette carte de séjour retraité En l’acceptant et en se domiciliant au Sénégal ,ils peuvent revenir en France pour une durée maximale d’un an, mais ils perdent tacitement leurs droits sociaux liés à la carte de séjour ordinaire tout en percevant leurs retraites et les préfectures refusent de renouveler le titre à son expiration en les renvoyant pour des raisons de domiciliation auprès des consulats généraux français qui ne sont ni habilités ni équipés pour cette gestion administrative de cette main d’œuvre particulière des retraités étrangers en France
Actuellement, il y a au Sénégal des retraités qui se sont adressés au consulat de France à Dakar pour le renouvellement de leurs titres de séjour qui arrivait à expiration et qui n’ont pu être renouvelé suite au refus des services consulaires Français qui arguent qu’ils ne sont ni habilités ni équipés pour ce genre de gestion administrative.Et leurs titres de séjour expirés, ils ne peuvent plus revenir en France . Ils ont perdu par la même occasion le bénéfice de leurs pensions de retraite parce que n’ayant pu fournir un titre de séjour en cours de validité nécessaires à la prorogation de leurs droits sociaux
L’État du Sénégal, s’il n’est pas capable de signer des conventions justes pour protéger ses citoyens en séjour à l’étranger et leurs intérêts, ne doit pas être un cheval de Troie pour prolonger de manière extra-territoriale, la politique restrictive des gestions des flux migratoire à distance jusqu’à l’intérieur du territoire sénégalais et ce au détriment de ses ressortissants
Cette situation pose des enjeux colossaux sur le devenir des retraités sénégalais en France à court ,moyen et long terme,car elle est privative de perspectives d’avenir pour cette population accédante majoritairement à la retraite dans les dix prochaines années
Le gouvernement du Sénégal doit revoir sa copie de gestion des ressortissants sénégalais à l’étranger , disposer d’un projet politique fondé sur les migrations internationales, et négocier des accords cadres qui sont en mesure de protéger la diaspora sénégalaise
En France en tout cas, des compétences sont disponibles et acceptent d’accompagner le gouvernement du Sénégal sur ces questions pour peu qu’il énonce un projet politique claire en matière de migrations, et qu’il veuille travailler avec les réseaux compétents de la diaspora. Et c’est là que le bâts blesse malheureusement
Mamadou Dème, Sociologue des migrations et du développent local.