BAMAKO (Reuters) – Le gouvernement malien et les rebelles touaregs, qui négocient en Libye, ont conclu un cessez-le-feu qui doit ouvrir la voie à un règlement définitif de leur conflit au Sahara, annoncent les deux camps dans un communiqué conjoint.
« Les deux parties se sont entendues en faveur d’un cessez-le-feu (…) pour mettre fin à toutes les hostilités », peut-on lire dans ce texte diffusé de Tripoli.
Selon le projet d’accord, les rebelles s’engagent à libérer des soldats retenus en otages. Le 20 mars, une trentaine de soldats maliens ont été capturés et trois autres tués près de Tin-Zaouatène, à la frontière algérienne.
En échange de leur libération, l’armée malienne se retirerait partiellement de la région de Kidal, principale ville du nord-est du pays, à 1.250 km de Bamako, où, de source militaire, on indique que des hélicoptères ont attaqué des rebelles, mercredi, faisant des dizaines de morts et de blessés.
Selon le communiqué, qui ne mentionne pas de calendrier d’application, ces mesures sont destinées à créer un « climat d’apaisement » destiné à favoriser un « accord final ».
La signature de ce texte, qui aurait dû intervenir mercredi, a été retardée par l’assaut héliporté de l’armée malienne.
RAID SANS PRÉCÉDENT
Ce raid, mené mercredi contre des concentrations de rebelles touaregs autour de Kidal, a été très meurtrier, a-t-on appris jeudi dans la capitale malienne.
Le Républicain, quotidien indépendant de Bamako, fait état de 62 morts, sans citer ses sources. Un responsable militaire souhaitant garder l’anonymat a fait état de « deux Toyota rebelles remplies de cadavres » ainsi que de plusieurs blessés.
Parmi ces derniers figurerait un bras droit du chef des rebelles Ibrahim Ag Bahanga, « voire Bahanga lui-même », a déclaré ce responsable, citant des témoignages sur place.
Le recours aux hélicoptères de combat Mi-24 a été décidé par l’état-major pour prévenir une embuscade des rebelles contre un convoi acheminant de renforts de Gao, plus au sud, à Kidal, afin d’éviter une attaque de la ville.
Le mitraillage des rebelles par les appareils a duré toute la matinée de mercredi et le convoi de renforts a pu parvenir sans encombre en fin d’après-midi à Kidal, a-t-on précisé de source militaire.
Ce raid sans précédent, dont l’armée dit avoir « dû prendre l’initiative pour semer le désarroi parmi les rebelles à un moment où leurs positions se rapprochaient de Kidal », marque une escalade notable dans les affrontements qui ont repris depuis plusieurs semaines dans le nord du Mali.
La rébellion des Touaregs a repris également l’an dernier au Niger voisin, où une soixantaine de militaires ont été tués depuis un an.
Rompant les précaires accords de paix conclus avec les pouvoirs centraux de Bamako et Niamey, dominés par les Noirs, les rebelles touaregs des deux côtés de la frontière posent des mines sur les pistes, tendent des embuscades aux convois militaires et attaquent ou assiègent des localités isolées.
Version française Marc Delteil
Par Salah Sarrar et Tiemoko Diallo Reuters