La fusillade s’est produite jeudi soir à Castelvolturno, ville de 20.000 habitants au nord-ouest de Naples. Au moins six assaillants ont tiré 130 balles, utilisant, semble-t-il, une kalachnikov ainsi que des armes légères, a dit la police.
Des dizaines d’immigrants ont brisé des vitres, tapé sur des véhicules et lancé des pierres contre des policiers, en réclamant justice et en accusant les forces de l’ordre de racisme pour avoir avancé que les victimes étaient des trafiquants de drogue.
La télévision italienne a montré des jeunes gens armés de barres de fer, bloquant la circulation et contraignant les automobilistes à sortir de leur voiture.
« Nous réclamons justice. Ce n’est pas vrai que nos amis assassinés vendaient de la drogue ou étaient des gangsters« , a déclaré l’un des manifestants aux journalistes.
Il s’agit d’une des fusillades les plus sanglantes de l’histoire récente dans la région. Elle a semé la consternation dans une région pourtant habituée à ce genre de crimes de la part de la Camorra, la version locale de la Mafia.
Les six morts sont de nationalités ghanéenne, togolaise et libérienne, et âgés de 25 à 31 ans.
NAPLES (Reuters) – Phil Stewart, version française Eric Faye
L’Espagne met en place un plan d’aide au retour des immigrés sans emploi
Confronté à une grave crise économique qui le contraint à revoir sa politique en matière d’immigration, le gouvernement espagnol a adopté, vendredi 19 septembre, un plan d’aide au retour pour les immigrés sans emploi. Dès la fin octobre, les étrangers extra-communautaires inscrits au chômage bénéficieront de deux ans d’indemnités-chômage s’ils acceptent de quitter l’Espagne et de ne pas y revenir avant trois ans. Ces candidats au retour toucheront 40 % de la somme avant leur départ, le reste leur étant versé un mois plus tard, une fois arrivés dans leur pays d’origine.
La mesure concerne les citoyens de 19 pays ayant signé une convention avec la sécurité sociale espagnole, soit environ 87 000 personnes sur les 300 000 étrangers qui pointent actuellement dans les agences pour l’emploi. Si le Maroc et l’Equateur, traditionnels pourvoyeurs de main-d’oeuvre, sont concernés, les Roumains en revanche sont exclus du plan alors qu’ils représentent près de la moitié des nouveaux permis de séjours accordés l’an dernier (environ 400 000).
Pour le ministre du travail et de l’immigration, Celestino Corbacho, il ne s’agit pas d’une mesure liée à la conjoncture économique, mais d’un instrument supplémentaire pour la gestion des flux migratoires. Il avait fait scandale, il y a quelques jours, en annonçant une réduction « proche de zéro » du contingent des contrats de travail passé avec les pays d’origine. Face à la protestation des syndicats et des associations d’aide aux immigrés, le chef du gouvernement, José Luis Rodriguez Zapatero, avait estimé « logique » que les flux se réduisent avec l’augmentation du taux de chômage, passé de moins de 8 % à près de 11 % en un an.
Le virage est spectaculaire pour l’Espagne, à peine deux ans après avoir régularisé près de 600 000 travailleurs clandestins. Alors qu’il s’était attiré les foudres de Bruxelles pour cette mesure jugée laxiste, le gouvernement socialiste de M. Zapatero a approuvé la directive européenne dite « retour » votée en juin. Le nombre des immigrés est passé de 500 000 en 1996 à 5,2 millions aujourd’hui, soit environ 12 % de la population. Depuis une décennie, disent les experts, l’immigration a contribué pour un tiers, voire la moitié, à la croissance espagnole. Cette dernière est annoncée négative pour la fin de l’année.
Jean-Jacques Bozonnet, Le Monde.