Depuis quelques semaines maintenant, la population de la commune de Diawara est vent debout contre un projet de l’édile de la ville, non pas que ledit projet est dénué d’intérêt pour la collectivité, mais il y a un hic et il réside structurellement sur la forme, mais également dans une relative mesure sur le fond.
Il s’agit d’un projet d’enlèvement d’ordures ménagères financé à hauteur de 114.000 euros par la branche coopération décentralisée de l’Union européenne, mais pilotée sur le terrain par le technicien local du GRET (Groupe de Recherches et d’Échanges Technologiques), M. Babacar GUÈYE. Les études de faisabilités furent menées, mais quant à la mise en place des structures opérationnelles et organisationnelles, une sombre opacité s’est installée. La population se plaint de n’avoir pas été associée dès le départ, elle n’a pas manqué de rappeler que lors de la mise en place du Projet du Corédia relatif au forage, elle a été associée du début jusqu’à la fin, en passant par le choix des tarifs jusqu’à la mise en place de l’ASUFOR (Association des Usagers du Forage) qui n’a pas été l’objet d’une décision unilatérale, mais concertée. En ce qui concerne ce projet de la municipalité, du début jusqu’à la fin, la population a été tenue à l’écart, elle n’a été ni sollicitée, ni impliquée, et encore moins sensibilisée, d’où le grognement des habitants de Diawara quant aux tarifs que le maire veut imposer aux ménagères (pour chaque ménage dans une concession) et pour chaque maison. En effet, chaque femme d’un ménage, dans une maison, se voit imposée une cotisation de 2.000 francs CFA pour la location d’une poubelle et de 1.500 francs CFA par mois pour la taxe d’enlèvement.
Ces informations ont été données lors de la toute première réunion sollicitée il y a quelques jours par le maire auprès des représentants de la population (les notables de Diawara), et c’est lors de cette réunion que la population a pris connaissance de l’existence de ce projet, d’où son grand étonnement et un sentiment désolé d’être mise en face devant le fait accompli. D’autres interrogations ont été soulevées. Il s’agit de savoir quelle association a signé la convention d’objectifs qui précise les engagements de chaque partie (ceux qui financent le projet et ceux qui en bénéficient) et qui en sont les membres ? Et une autre question tout aussi fondamentale que la première fut posée : quelle est l’entreprise qui bénéficiera de l’exploitation ? Ces questions ont été répondues de manières laconiques sans plus de précisions, sauf pour dire que l’association a été déjà créée et que l’exploitant a été choisi. Et c’est là où le bât blesse, puisque a priori il n’y a eu aucun appel d’offre et aucune publicité n’a été faite auprès de la population pour la création et la composition de l’association. Et comme les langues ont commencé à se délier, il s’avère qu’au sein de ladite association, l’écrasante majorité de ceux et celles qui la composent sont des proches du maire et l’entreprise qui fera office d’exploitant a été créée en catimini et elle est gérée là aussi par les proches du maire. Ce qui conduit à un grand conflit d’intérêt aussi réel et vrai que le lever du soleil demain matin.
La mise en place de cette fameuse association n’a fait l’objet d’aucune concertation, d’aucune sensibilisation de la population : tout avait été faite en la maintenant à l’écart du processus, elle n’a été impliquée d’aucune manière que ce soit. Les seules réunion préparatoires qui avaient été tenues autour du projet, l’ont été entre les fidèles du maire et lui-même, une espèce de cercle très, très restreint, tout en ignorant de manière volontaire la tenue d’assemblées générales rassemblant toute la population.
Le choix du gestionnaire délégué s’est fait exactement en suivant le même schéma de non transparence, car il a été désigné dans le le secret des dieux ; là aussi, la population fait face un népotisme patenté et elle crie au scandale ; il n’est pas sans rappeler que ce type de favoritisme est condamnable par la loi.
Pourtant, en application du Code des Marchés Publics (consultable ici :http://www.marchespublics.sn/pmb/fichiers/8210920394e8eb2381ab41.pdf,un appel d’offre est exigé par la loi, puisqu’il s’agit de financements issus des dispositions prévues par le préambule et les premiers articles dudit code.
Les arguments des proches du maire est qu’ils ne voulaient pas que l’exploitation échappe aux citoyens de Diawara, mais cet argument est fallacieux, car on ne s’arrange pas avec la loi pour se servir, puisque même au sein de la commune de Diawara, aucun appel d’offre n’a été fait : l’édile de la ville a mis en place un groupe de fidèles avec à sa tête son plus grand fidèle soutien (le gestionnaire). Du grand favoritisme. Un vrai scandale, Ce n’est du jamais vu à Diawara.
Alors, pour tout ceci, l’association CORÉDIA a décidé de prendre ses responsabilités de porte-voix de la population et de l’assister ; mais aussi en tant qu’élément de la société civile, là pour la défense et la sauvegarde de l’intérêt exclusivement général, l’association se a décidé de se mettre en porte-à-faux contre tout détournement de l’intérêt général au profit des intérêts particuliers d’individus ou de groupes d’individus. Par cette décision, le CORÉDIA est très déterminé à dénoncer cet état de fait (ce « projet » municipal entaché du début à la fin d’irrégularité structurelle) auprès de qui de droit et l’association se donnera tous les moyens légaux nécessaires exigés par la situation pour une mise à plat de tout le processus d’ordre organisationnel et opérationnel de ce projet.
Il est temps que la transparence et la gestion concertée soient des composants essentiels dans la gestion de la cité ; l’ère des gestions solitaires de ce qui appartient au domaine public est révolue.
Texte décidé par LE BUREAU EXÉCUTIF DU CORÉDIA,
en réunion du samedi 18 janvier 2014.