Une histoire poreuse et un peu tronquée de la circoncision

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Depuis l’année 2005 au plus tard les organisations internationales de santé publique comme l’OMS ont rendu publique la relative protection conférée par la circoncision dans le domaine très sensible de la transmission du Sida. Résultats sur lesquels une communication nuancée et soignée devrait toutefois éviter les erreurs d’interprétation conduisant au retour des conduites sexuelles à risque. L’ablation partielle ou totale du prépuce, la circoncision connaît un regain d’intérêt, sur les bases prophylactiques, médicales et hygiéniques selon les lieux de sa réappropriation. Il s’agit là pourtant d’une vieille, antédiluvienne pratique humaine dont la restitution historienne suit la logique des grands faits de civilisation observés en toute antériorité en Afrique pharaonique.Il est frappant de constater que la plupart des analystes qui en réfèrent à l’histoire à défaut de l’origine de la circoncision reviennent irrémédiablement si ce n’est aux temps préhistoriques, à l’Egypte pharaonique, tant cette civilisation négro-africaine en a laissé les traces indélébiles. Des attestations hiéroglyphiques sur des tombeaux et l’art rupestre témoignant permettent de faire reculer cette pratique au moins à 2300 ans avant l’ère contemporaine au pays des Pharaons.Les historiens s’accordent pour la voir pratiquée sur des adolescents, sans trancher définitivement sur le sens que ces sociétés lui conféraient. Toutefois, il semble qu’elle ait été d’abord probablement réservée aux prêtres, représentant une espèce de rite initiatique. Pour Hérodote qui en attribue la paternité aux Egyptiens, elle aurait des justifications hygiéniques.

Sur les traces historiques de la circoncision partie (connue avec certitude) apparemment d’Egypte, aussi longtemps que l’on remonte dans le temps, la plupart des historiens et analystes abordent ensuite le judaïsme puis l’islam comme cadres religieux de cette pratique répandue dans le monde sous l’effet des facteurs de diffusion sus cités. Ce serait au premier des Hébreux que les Juifs devraient la circoncision. Abraham devait en être l’inaugurateur, suivant les prescriptions divines et marquant son alliance, celle de son peuple, avec son Dieu.

En terres d’Islam, le fait que la circoncision soit liée à la religion est patent. Mais qu’elle provienne directement du Coran est moins évident. Elle serait davantage un legs préislamique, tiré de certains Hadiths -actes du prophète Mohammed-, et enracinée dans la coutume par l’usage, la pression sociale, religieuse. A la différence du judaïsme où elle se fait le 8ème jour après la naissance du petit garçon, dans les sociétés islamiques elle se pratique à partir du 7ème et jusqu’à 13 ans à peu près.

Le christianisme, tout en reconnaissant la circoncision judaïque de Jésus n’a jamais vraiment intégré cette pratique pour tous ses fidèles, malgré des tentatives réitérées comme en Angleterre. Il y a des exceptions pourtant

A ces origines assez consensuelles sur l’Egypte et … l’Orient, l’Afrique noire semble n’intervenir que dans les sociétés contemporaines, soit par l’entrée de l‘«animisme» soit par celle de la «tradition» ou de la «coutume» pour lesquels la circoncision revêt un caractère de rite initiatique, de passage à l’age adulte. Le profond enracinement, même inégalement partagé, la répartition spatiale, les taux de circoncision atteignant et dépassant les 80% dans bien des régions ne laissent supposer un berceau, une antériorité. Le fait que certains pays, à l’instar du Swaziland ne reproduisent plus que rarement la circoncision devrait inciter à comprendre les exceptions en confortant le bassin continental d’une pratique entièrement immergée en Afrique, en partant du continuum historico-culturel égypto-africain. En effet, historiquement les Swazis relatent que c’est au XIXè siècle qu’un roi interdit cette pratique parce que le temps de la guérison, de la cicatrisation qu’elle requérait, était trop long et immobilisait les guerriers !

Le cas des coptes chrétiens d’Egypte et Ethiopie est également intéressant puisque ce sont quasiment les seuls chrétiens qui pratiquent systématiquement la circoncision depuis des temps immémoriaux, et ce sont des Négro-Africains.

Faute de remettre à sa place dans l’histoire [égyptienne] l’Afrique subsaharienne, qui dispose aussi de matériaux historiographiques comme l’art rupestre dogon renseignant sur l’histoire de la circoncision, les historiens s’exposent au risque de l’absence de continuité spatiale et même temporelle d’une pratique qui s’est perpétuée depuis la préhistoire.

Des vertus nouvelles ayant été découvertes, prophylactiques, hygiéniques particulièrement appréciées aux USA qui comptaient dans les années 70 près de 80% de circoncis parmi les nouveaux-nés, et qui ont entraîné leurs zones géopolitiques d’influence comme les Philippines [à partir du substrat de la culture préhispanique], la pratique perdrait de plus en plus de son africanité. Le fait que même les groupes ethniques africains d’Humains de petite taille, couramment appelés pygmées soient circoncis, et que l’on ne doute pas de leur primo arrivée en forêt ne change pas les habitudes de voir l’Afrique. Exclue a priori du fait civilisateur révélé, responsable attitrée du contraire. La circoncision pourrait devenir un terrain d’application de cette vérité … scientifique.

Posté   le 12 Jun 2007   par   biko

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