La « Cité mystérieuse » mérite bien de figurer sur la nouvelle liste, au regard de sa contribution à la civilisation de l’universel
La ville de Tombouctou est officiellement candidate au concours des 7 nouvelles merveilles du monde. La candidature de la
« Cité des 333 saints » a été notifiée au maire de la ville Saïd Mahmoud, par Bernard Weber, président de la Fondation » 7 nouvelles merveilles du monde « . C’était au cours d’une cérémonie très symbolique qui s’est déroulée le 10 janvier sur la place Sankoré au cœur de la vieille ville de Tombouctou.
Pour l’occasion les organisateurs ont mis les petits plats dans les grands. C’est à dos de chameau que Bernard Weber est arrivé sur la place, sous les applaudissements nourris d’une foule nombreuse, pour remettre le certificat au maire de la ville Saïd Mahmoud. C’était en présence du colonel Mamadou Togola, le gouverneur de la Région de Tombouctou, de Baba Hakib Haïdara, le président du comité national d’organisation du Mali et des notabilités religieuses de la ville.
Le journaliste et réalisateur d’origine suisse a été élevé au grade de Docteur honoris causa de l’université symbolique de Sankoré. Pour l’histoire, il faut rappeler que la mosquée de Sankoré a été érigée à la place de l’université du même nom qui comptait environ 15 000 étudiants de plusieurs nationalités au 15 ème siècle. Cette distinction confère désormais à Bernard Weber le titre de Cadi et l’autorise à intervenir ou à donner son avis dans toutes les décisions importantes de la cité. Il peut même officier les cérémonies de mariage, entre autres. Pour son intronisation comme Cadi, Bernard Weber était habillé d’un boubou blanc. Et portait un turban que lui a attaché l’imam de Djingarey-ber, Abdrahamane Essayouti.
CRI DE CŒUR : Retransmise en direct à la radio nationale, la cérémonie de remise du certificat de la candidature de Tombouctou, était animée par de nombreuses troupes de danse et de musique folklorique. Un chœur chanté par 18 jeunes filles habillées en boubou traditionnel accompagnées de 4 garçons s’est fait l’écho d’un véritable cri de cœur des habitants de Tombouctou. Il a invité les Maliens et tous ceux qui aiment Tombouctou à voter pour soutenir la candidature de la ville. Afin que le mérite et la contribution de Tombouctou à la civilisation de l’universelle soit reconnue à sa juste valeur.
Les autorités de Tombouctou et le comité d’organisation ont exposé à cette occasion tous les symboles forts de la ville. C’est le cas du cavalier Al-Farouk qui a fait un passage bien apprécié sur la place de Sankoré à la grande satisfaction du public. Il s’agit d’un homme tout de blanc vêtu portant un turban, armé d’un long sabre, montant un cheval blanc. Al-Farouk symbolise la protection et la sécurité pour la ville de Tombouctou. Dans l’imaginaire populaire, ce cavalier veillait sur la ville pour empêcher les malfaiteurs d’opérer tranquillement à une heure avancée de la nuit. Dans un grand tonnerre d’applaudissements, le passage d’Al- Farouk a été suivi de la danse des bouchers et du Halla (la danse des paysans) et quelques prestations des groupes de musique de Tartit et Anna hi.
Créée au XIè siècle, Tombouctou a résisté pendant une dizaine de siècles à plusieurs vicissitudes et péripéties de la vie. Elle a subi, successivement, la domination des Touaregs, Songhoï, Manding, Arabes et Kounta, entre autres. Ces conquêtes n’ont cependant jamais altéré son fonds culturel fait de tolérance religieuse, de solidarité et d’entraide. Ici chrétiens (baptistes, catholiques et protestants) et même juifs ont toujours vécu dans une parfaite harmonie et une grande symbiose avec les musulmans.
RESOLUMENT ORIENTEE VERS L’AVENIR : C’est sur cette terre du savoir que l’or du sud rencontrait le sel du nord, a-t-on coutume de dire. Les universitaires, les érudits de la théologie, les savants et les commerçants ont contribué à façonner la réputation de cette ville carrefour.
« Tombouctou ne dort pas sur ce glorieux héritage. Elle est résolument orientée vers l’avenir et le progrès », a indiqué Saïd Mahmoud. Ces dernières années, d’énormes travaux de modernisation ont été entreprises : le surcreusement du bras mort du fleuve qui arrosait, jadis ; la ville ; le prolongement de la piste d’atterrissage de l’aéroport ; la restauration de la mosquée de Djingarey-ber ; la construction de la bibliothèque de l’Institut de recherche islamique Ahmed Baba ; la construction de 5 kilomètres de route bitumée dans la ville et celle qui relie Tombouctou à Niono. Voilà autant de réalisations qui contribueront à améliorer les conditions de vie des populations de cette cité, voire de la région », espère le maire de Tombouctou.
« En cette occasion, notre cité, lieu extraordinaire où le mythe devient réalité et la réalité se transforme en mythe pour créer d’autres réalités, et le Mali avec lui se trouve plongée dans une actualité mondiale voulue et créée par les promoteurs des 7 nouvelles merveilles du monde », a déclaré Baba Hakib Haïdara.
Il a lancé un appel aux Tombouctiens de toutes souches pour que, massivement, jeunes et vieux, hommes et femmes apportent leurs suffrages à Tombouctou. Cet appel s’adresse également à tous les Maliens de Kidal à Kayes, en passant par Gao, Mopti, Ségou, Sikasso, Koulikoro et Bamako, pour que par leur vote massif, ils apportent leur soutien à Tombouctou. Et à tous les Africains, particulièrement ceux des pays subsahariens, aux nombreux sympathisants et au amis de Tombouctou à la jeunesse malienne des écoles fondamentales, secondaires et supérieures, aux travailleurs dans les bureaux, les services et les chantiers urbains et ruraux. Pour qu’ensemble, ils fassent de Tombouctou une des 7 nouvelles merveilles du monde.
Y. DOUMBIA
Essor
