L’Association Sénégalaise des Professeurs d’Histoire et de Géographie (Asphg) demande la préservation du site historique du massacre des tirailleurs, dans une lettre ouverte adressée au Président de la république. C’était à l’occasion de la cérémonie commémorative de l’évènement hier, vendredi 1er décembre, au Cem Thiaroye 1.
Le bureau de l’Association sénégalaise des professeurs d’Histoire et de Géographie, en collaboration avec le département d’Histoire de la Faculté des Lettres et Sciences Humaines de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, a commémoré hier, la journée du 1er décembre, sur le site même de l’événement. Il a par la même occasion adressée une lettre ouverte au Président de la république pour demander la préservation du site par où devrait vraisemblablement passer l’autoroute à péage.
L’Association Sénégalaise des Professeurs d’Histoire et de Géographie, tout en ayant reconnu le renouveau suscité dans la défense des droits des tirailleurs sénégalais depuis quelques années grâce à l’action soutenue du Président Abdoulaye Wade, demande « qu’à défaut de fouilles préventives par nos archéologues, les entreprises préposées à la construction de cette autoroute à péage, puissent informer ces derniers de toute découverte d’ossements humains sur le site des baraquements des anciens tirailleurs ». Les professeurs d’histoire demandent que « tout en maintenant la construction de l’autoroute qui est une nécessité pour le développement de notre pays, d’immortaliser cet événement par une plaque commémorative ou un monument sur le site ou tout autre idée que le Président jugera opportune », nous indique la lettre.
En reconnaissant les efforts investis par le Président de la république pour le renouveau dans la défense des droits des tirailleurs, les historiens ont regretté que « cette page douloureuse de notre histoire, pourtant récente, soit mal connue, et risque de voir ses traces définitivement effacées », a souligné la même lettre. Sur ce site devra passer l’autoroute à péage. « Or à cet endroit précis, note la lettre, des dalles suspectes, supposées abriter les sépultures des victimes, ont été repérées par des historiens ayant longtemps travaillé sur la question ».
Par ailleurs, les historiens disent fonder un grand espoir sur l’appui que le Président voudra bien leur apporter à la réalisation de leur vœu, afin de « pouvoir célébrer la mémoire retrouvée ».
Le professeur Cheikh Fatty Faye de la Faculté des Sciences et Technologies de l’Éducation et de la Formation (Fastef), qui a fait beaucoup de recherches sur la question a animé, à l’occasion une conférence de presse, présidée par le professeur Assane Seck, ancien ministre d’État et président de l’Asphg.
Une aube de sang
« À l’aube du 1er décembre 1944, lorsque le camp militaire était encerclé de toute part par des auto-mitraillettes et des chars, l’autorité française savait très bien qu’elle avait en face d’elle des hommes complètement désarmés », a révélé Cheikh Fatty Faye qui est convaincu que l’autorité coloniale voulait simplement se débarrasser de ces soldats accusés d’indiscipline. Toutefois, l’historien s’est demandé « même si nous ne connaissons pas le nombre, nous serions au moins tentés de savoir où sont les tombes ? ». Il est presque convaincu « qu’ils n’existent pas au sens de tombes ». Avant d’ajouter, « ce qu’on est en train de nous présenter de l’autre côté de l’autoroute n’a rien à voire, au niveau de ma recherche, avec les faits historiques. Le fait historique est qu’il existerait dans ce camp des fosses… » Après avoir visité le site deux ans plutôt, Cheikh Fatty Faye s’est dit convaincu que « ces dalles-là cachent quelque chose ». Pour sa part, le professeur Assane Seck a déclaré que dans la mesure où il n’est pas certain que les soldats couchés dans les 162 tombes officielles sont les seules victimes de ce sombre 1er décembre 1944, un impérieux devoir de mémoire s’impose à tous.
Sud Online
Chérif FAYE