Les rites des noces chez cette ethnie sont marqués du sceau de la solennité d’un bout à l’autre. Notre tour d’horizon des rites du mariage des différentes ethnies de notre pays nous conduit aujourd’hui à la nuit des noces chez les Soninkés. Cette ethnie a sa façon particulière de célébrer le mariage. Avant la célébration du mariage, sont effectuées les nombreuses démarches protocolaires dans les familles des fiancés. Trois nuits avant le jour-J, les tantes, les mères, la marraine ou la «Djalatigui», manifestent leur joie. Elles chantent et dansent au cours d’une veillée solennelle des « mères » par alliance de la future mariée, le «Demba tolon».
En parfait accord avec le monde d’aujourd’hui, et en bon citoyen prévenant, le mariage civil est devenu une routine pour les Soninkés. Le mariage est célébré dans la matinée. Les nouveaux mariés rendent visite à certains de leurs parents. Jusqu’à une certaine heure de la journée, il y a les salutations, les séances de photos avec la mariée en robe blanche et le marié en boubou ensemble ou en veste. La séquence du bal suit ce cérémonial.
Après cette étape la mariée s’en retourne chez elle. La célébration du mariage est l’une des manifestations les plus réjouissantes ; et cela que ça soit celui du fils ou de la fille. Mais elle est moins attrayante quand il s’agit de la fille. Il est vrai que le mariage rime avec dépenses, mais il y a plus de festivités et d’attractions avec les hommes. Chez les Soninkés, les traditions sont plus sévères envers les hommes. Ainsi, au cours de la cérémonie, les parents de l’homme dépensent plus que ceux de la fille. En plus de la dot, le prétendant doit payer pour honorer diverses pratiques liées à la tradition. Pour l’animation, la griotte de la famille est conviée pour chanter leurs louanges et celui de bon nombre d’invités en Sarakolé.
Modernisme et tradition. L’après-midi, après la prière de 16 heures, les amis du marié se réunissent pour confectionner la couverture. Le rouleau de la bande de cotonnade blanche est entièrement tissée par un tisserand traditionnel. La couverture à pour unité de mesure le mortier. Elle est cousue exprès de façon bâclée. La couverture une fois prête, est remise à la « manyamakan » (la vieille dame qui assiste la mariée dans la chambre nuptiale). Celle-ci dépose la couverture dans une calebasse neuve. Elle ajoute un rouleau de fibres de sisal. Après la première nuit de noce, la couverture est offerte à la mère de la mariée, tout comme la moustiquaire.
Pendant que les amis s’activent, les mères distribuent des jus préparés à la veille. Dans le temps, elles y mettaient du «almoukaïkaï», un excitant qui faisait danser les personnes les plus sages et faisait chanter les muets. Aujourd’hui, ce jus est remplacé des bonbons à la menthe. Les sœurs et les amies de la mariée distribuent à tour de bras du chewing-gum dans une ambiance très festive. Les tambours et les chants résonnent dans un rythme enchantant.
Avant d’aller chercher la mariée, l’homme est d’abord habillé tout de blanc avant de rejoindre la chambre nuptiale. Selon les moyens, un long cortège de véhicules loués va chercher la mariée pour la conduire à la chambre nuptiale. Le voyage aller et retour s’accomplit dans une clameur de chansons sarakolé. Le tam-tam et les battements des mains ne faiblissent pas.
A l’occasion, une baignoire pleine de mil avec du lait et du sucre est donnée à la cousine de la mariée qui est la mieux indiquée pour préparer la bouillie. La « manyamakan » est celle qui contrôle l’alimentation de la mariée et aussi celle qui lui donne des conseils par rapport aux attitudes et comportements à tenir, et surtout les aliments à manger. Et durant toute la semaine, les amis et les parents amènent des repas aux jeunes couples.
Dans beaucoup de coutumes, on constate que la séance de toilette faite à la mariée est exécutée quelques heures avant d’entrer dans chambre nuptiale. Elle existe aussi chez les Soninkés. Mais elle est exécutée après la semaine, avant d’amener la mariée dans son foyer.
Après ladite semaine, c’est au tour de la famille de la mariée de vivre dans l’allégresse. Une nouvelle journée de festivité débute. Les femmes passent une partie de la matinée à chanter la vie future qui attend la jeune dame tout en classifiant les ustensiles amenés par les parents et amies, en plus de ce que l’intéressée et sa mère ou tutrice ont pu mettre de côté. Elles énumèrent aussi les nombreux pagnes qu’ont amenés la marraine de l’époux, qu’elles mélangent avec les siens
Après la toilette, toutes les affaires sont mises dans un ou deux véhicules pour l’accompagner dans son nouveau « chez elle ». En partant, une louche traditionnelle est mise en dessous du véhicule qui contient et la nouvelle mariée et certaines de ses affaires. Superstition qui symbolise des voeux de durée dans le ménage.
Enfin, l’installation et le premier jour de cuisine de la mariée donnent lieu à une réunion familiale et amicale. Tout le monde est pressé de connaître l’art culinaire de la nouvelle venue dans la famille. Cela peut prendre jusqu’à trois mois, en attendant elle jouit du privilège des nouvelles venues.
Aminata Amadou LAH
Source: Maliwe.net