Avant le derby : le « samouraï » Sambou Traoré a trouvé son chemin

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Sambou Traoré est un fantastique guerrier sur un terrain. Dans la vie de tous les jours, il a trouvé dans la religion la voie de l’apaisement. 

Sambou Traoré est nonchalamment assis. Calme et tranquille. Il n’y a pas d’entraînement pour lui en ce début de semaine pour cause de soins au genou. Il regarde, attentif, ses coéquipiers s’écharper sur le parquet. Cet homme apaisé n’a rien à voir avec le joueur. Sur le terrain, Sambou Traoré est un autre. Un « samouraï » comme il est surnommé, une grande gueule aussi comme il le reconnaît : « je râle beaucoup, c’est chiant mais en sport, on ne contrôle pas toujours ses émotions. » Il y a donc deux Sambou. Celui qui promène sa sérénité hors des terrains est le résultat d’une éducation issue d’un drôle de cocktail entre l’Afrique profonde et les cités de la banlieue parisienne.

« Ne pas oublier d’où on vient »

Né à Paris, c’est au Mali que Sambou a passé les sept premières années de sa vie. « J’étais l’aîné, mes parents ne pouvaient pas me garder alors ils m’ont envoyé chez mon grand-père. » La vie y fut douce pour le petit Sambou. « Chez les grands-parents, on est gâté », sourit-il. Puis, c’est le retour en France. À Meaux. Il quitte la chaleur de l’Afrique pour les cités froides et grises de la grande banlieue parisienne. C’est là qu’il découvrira le basket qui le fera partir, une nouvelle fois, loin du nid familial. Quand il intègre le centre de formation d’Antibes, il a 20 ans. Outre sa formation de basketteur, il y fait une rencontre décisive, celle de sa femme. « C’était à Nice, il y a 12 ans. » Elle est Marocaine, lui Franco-malien et tous les deux sont musulmans. La vie du couple s’organise au gré de la mouvementé carrière de Sambou qui a enfilé à Limoges son 12 e maillot différent !

Dans ce maelström, les moments hors basket sont consacrés aux retrouvailles avec la famille. « Pendant la trêve, on en profite pour se ressourcer, c’est une bouffée d’oxygène et ça permet de ne pas oublier d’où on vient », explique Sambou. Fin décembre, c’est à Meaux, où vit encore la majorité de sa grande famille (2 frères et 7 soeurs), que Sambou a retrouvé les siens pour se retremper avec délices dans ses racines maliennes. « On parle le qui est la langue la plus parlée après le . J’ai un peu perdu, mais je le comprends facilement. Et puis, ma mère me fait de la cuisine africaine. »

« Je ne peux pas penser qu’à moi » En été, c’est souvent au Maroc, dans la famille de sa femme, que Sambou récupère. À 80 km au sud de Casablanca, c’est un plongeon dans la réalité profonde du pays. Le Mali et Bamako sont aussi au programme estival. Au nord, de son pays, on est au bord de la guerre civile et ça ne laisse pas indifférent Sambou. « C’est choquant, ce groupe qui applique la charia, ce sont des brigands, des rebelles qui se servent de la religion. C’est triste et ça donne une mauvaise image de l’Islam. »

L’image que renvoie Sambou, c’est celle d’un Islam qui n’a rien d’extrémiste. C’est une culture, un choix et un cheminement. « Enfant, je pratiquais sans savoir et j’ai eu un déclic. Depuis la naissance de mon fils, je me suis encore plus investi. Il y a des principes à respecter, c’est une forme d’éducation. C’est l’équilibre de ma vie. Je suis en paix avec moi-même. J’ai un chemin, ce que je n’avais pas avant, où je vivais au jour le jour. »

Si sa femme est voilée – « elle l’a choisi » – sa fille sera libre de choisir. « Mes enfants, ils ont trois cultures, ils se reconnaissent dans toutes même s’ils seront sans doute un peu plus Français », constate Sambou qui sait aussi qu’il a beaucoup de responsabilités. « Je ne peux pas penser qu’à moi. Chez les Africains, l’aîné c’est comme le 2 e père. Je suis responsable de ma famille et de celle de mon père. Ça ne me fait pas peur. »

 

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