Etudiant le style de plusieurs cavaliers en terre cuite issus du delta intérieur du Niger et datés des XIIIe-XVe siècles, Bernard de Grunne a remarqué en 1987 que certains comportaient sur les tempes, comme cette sculpture, une série de scarifications indiquant que ces œuvres représenteraient des Soninké venus avant le XIIIe siècle du sud du Mali dans la région de Djenné. Ces Soninké connaissaient en effet le cheval et, contrairement aux Dogon, les sacrifiaient. Le bois de cette figure a été daté du XIIIe siècle.
Cette œuvre pourrait être l’un des représentants les plus antiques du style soninké. Les deux tubes accolés dans le dos rappellent les carquois de certaines figures en terre cuite montrant des archers. Ces étuis doivent aussi être perçus dans leur relation avec le petit arc que semble tenir le personnage dans sa main gauche.La figure porte sur le bras gauche un couteau, au-dessus du coude, prêt à être saisi de l’autre main. On peut également voir un lien entre l’ondulation de la statue et le long masque-lame évoquant le serpent exécuté tous les soixante ans lors de la cérémonie du sigi marquant le « renouvellement du monde » chez les Dogon ?Par ailleurs, les figures humaines sculptées, liées à l’autel du binu, peuvent représenter l’un des ancêtres immortels avant sa transformation en serpent, ou une personne réelle fondatrice du culte et créatrice de l’autel local.
Il pourrait s’agir ici d’un fondateur soninké, repérable à ses scarifications et dont les attributs, telle la coiffure en forme d’ogive, témoignant de l’identité et du rang.