Nommé il y a quelque temps nouveau consul général du Sénégal à Bordeaux, Abdourahmane Koita a commencé à prendre connaissance des dossiers qui l’attendent il y a un peu plus de deux semaines. Mais il ne se sentira vraiment dans son nouveau costume qu’après la cérémonie officielle de prise de fonction qu’il organise ce lundi 9 mai au 142, boulevard du Président Wilson, de 14 à 16 heures. En marge des Journées nationales de la diaspora africaine (JNDA) à Bordeaux, aux quelles il a pris part aux côtés de la vice-consul (Aissata Dia) et du deuxième conseiller (M. Fall), Abdourahmane Koita a bien voulu répondre aux questions de l’envoyé spécial d’Afrique Connection. Le vice- coordonnateur en France du parti au pouvoir au Sénégal (Apr) a notamment pris les devants en martelant qu’il serait là « pour tous les Sénégalais de Bordeaux ». Même s’il reste à la disposition de ses camarades de parti.
Dans quel état d’esprit êtes-vous deux semaines après avoir endossé votre costume de consul général du Sénégal à Bordeaux et à la veille de votre cérémonie officielle de prise de fonction ?
C’est vrai que j’ai commencé mon travail de consul général depuis deux semaines, mais je compte organiser une cérémonie de prise de fonction officielle. Le Président de la République m’a confié une responsabilité suite à cette confiance. Il est donc de mon devoir de me préparer pour que je puisse remplir cette mission de la meilleure des manières.
Quand on arrive à la tête d’un consulat, quelles sont les premières choses à faire ?
Déjà, avant même de prendre service, je suis venu de Paris pour rencontrer le personnel, les encourager. Face à l’urgence, nous sommes en train de traiter certains dossiers. C’est le cas notamment d’un de nos compatriotes décédé à Carcassonne. Nous sommes en train de gérer son dossier.
Il y a aussi les autorités locales qu’il faut également rencontrer.
Mais avant tout ça déjà, j’ai entamé une série de visites à mes collègues consuls dans les autres juridictions en France. J’ai notamment été à la rencontre du Consul Général de Paris, Amadou Diallo, celui de Lyon, Alioune Diop, celle de Marseille, Madame Yandé Diagne. J’ai également rencontré l’Ambassadeur du Sénégal à Paris, Son Excellence Bassirou Sène.
C’est pour prendre des conseils ?
C’est surtout des visites de courtoisie, d’autant que je suis amené à travailler avec eux. Vous savez, certes il y a quatre juridictions, mais la carte diplomatique sénégalaise en France constitue une entité. On est donc censés travailler ensemble pour qu’il ait une certaine cohérence, pour qu’on puisse être efficaces dans l’action. C’est dans ce sens-là que j’ai initié ces visites de proximité auprès de mes collègues consuls généraux.
Vous n’avez sans doute pas encore fini de prendre vos marques, mais avez-vous déjà une idée des attentes des Sénégalais de Bordeaux et environs ?
J’ai calé une série de rendez-vous avec les associations sénégalaises à partir du 9 mai, date de ma cérémonie officielle de prise de fonction. Je dois notamment rencontrer la section locale de l’Association des Sénégalais de France, et l’Association des étudiants. Ce sont des organisations très fortes. Une juridiction c’est un réservoir potentiel d’investisseurs et de porteurs de projets. C’est pourquoi il faut rencontrer tout le monde, les écouter, les assister, les accompagner. C’est aussi ça le rôle d’un consul, au-delà des tâches quotidiennes liées à l’état-civil. C’est à nous de jouer ce rôle de relais entre ces porteurs de projets et les institutions et autres organismes mis en place par le Président de la République (FONGIP, le FAISE, etc.) C’est pour vous dire qu’il est nécessaire de rencontrer les associations, d’échanger avec elles en permanence, afin de connaître leurs besoins. Voilà pourquoi j’ai tenu à les rencontrer dès ma prise officielle de fonction.
Vous êtes aujourd’hui diplomate, mais les Sénégalais de France connaissent surtout Abdourahmane Koita l’homme politique ou le chercheur en Mathématiques. Allez-vous continuer à faire de la politique, même en étant consul général à Bordeaux ?
Je suis diplomate, je suis scientifique, je suis politique. Cela devient une situation complexe. Mais, je puis vous dire que tout ce qu’on fait dans la vie c’est de la politique. En effet, si l’on sent tient à sa définition au sens étymologique, la politique c’est la gestion de la cité. S’occuper de mes compatriotes dans la juridiction de Bordeaux, je pense que c’est de la politique. Dans ce sens-là, je serai donc le premier des politiques à veiller au fonctionnement de cette règle.
La question est plutôt est-ce que vous allez continuer parallèlement vos activités en tant que vice-coordonnateur de la représentation en France de l’Alliance pour la République (Apr, pouvoir) ?
Moi je resterai à côté de mes camarades, et j’essaierai de répondre à leurs demandes s’ils me sollicitent. Mais je ne vais pas faire de la politique politicienne. Je ne vais pas non plus faire dans la confusion des rôles. Le Président m’a instruit en me disant que c’est me le représentant du Sénégal dans cette juridiction. Donc je dois veiller au respect de ce principe. Je suis donc le consul général de tous les Sénégalais de la juridiction de Bordeaux. Il n’y aura pas de favoritisme pour les militants de l’Apr par rapport aux autres sénégalais et partis politiques. La règle qui prévaut est celle qui existe entre le consul et ses administrés, tout simplement. Mais, en même temps, comme je vous les déjà dis, on arrêtera de faire la politique que quand on arrêtera de vivre (rires).
N’avez-vous pas peur qu’on vous taxe, à l’instar de vos collègues des autres juridictions, de consul politique qui défend avant tout les intérêts du parti au pouvoir ?
L’avantage que j’ai par rapport à mes collègues des autres juridictions, c’est qu’ils m’ont précédé dans ce rôle. Ils ont reçu beaucoup de coups. L’autre chance est que j’ai beaucoup de camarades, d’amis, et même de la famille, à Bordeaux. Ceux qui me connaissent ici ne me voient pas comme un consul qui va faire de la politique, mais comme celui qui va s’occuper de tous les Sénégalais. Je veillerai moi-même au bon fonctionnement de cette règle : je suis là pour tous les Sénégalais. Je suis conscient que ma mission ne serait une réussite que si cette règle est respectée. Certes j’appartiens à un parti politique, dont je suis le numéro 2 en France, mais je dissocierai l’action politique de l’action administrative. C’est tout à fait normal qu’il ait quelques inquiétudes vu mon statut. Mais connaissant mon passé, mon sens de la mesure, les Sénégalais de Bordeaux peuvent être rassurés que je serai le consul de tous les Sénégalais de cette juridiction. Et ma porte est ouverte à tous les Sénégalais. Je ne ferai pas de différence entre les militants de l’Apr, les militants du Ps, et autres militants. J’essayerai de représenter le Sénégal dans la meilleure de manières. C’est en tout cas l’objectif que je me suis fixé.
Quel message lancez-vous aux Sénégalais de Bordeaux, à la veille de votre prise officielle de fonction ?
Quitte à me répéter, je leur dis que je suis le consul général de tous les Sénégalais de Bordeaux. Ma porte est ouverte à toutes et tous, sans distinction de leur coloration politique. Mais j’ajouterai que pour réussir le projet que je suis en train de mettre en place, il faudrait qu’on travaille ensemble. C’est la somme des efforts conjugués qui nous mènera vers la réussite, vers le développement. Pour cela, il est nécessaire qu’on ait des échanges réguliers.
J’en profite d’ailleurs pour inviter les Sénégalais à être à la pointe des initiatives africaines dans la région de Bordeaux, à s’associer davantage à toutes les activités africaines dans la région. C’est une façon aussi de mettre en valeur notre pays, de le faire rayonner davantage dans le concert des nations africaines. Si je lance cet appel, c’est parce que je trouve que les Sénégalais ne sont pas vraiment dans ces Journées nationales de la diaspora (JNDA), où nous-nous trouvons depuis ce matin. C’est quelque chose qui m’a frappé. Et pourtant il y a beaucoup de Sénégalais à Bordeaux. En aucun moment on n’a entendu parler du Sénégal. Cela m’a beaucoup marqué. C’est pourquoi j’ai dis d’ailleurs à Madame la vice-consul (Aissata Dia) et au deuxième conseiller qu’il faudrait qu’on renverse la tendance d’ici l’année prochaine. D’où la nécessité de redéfinir nos relations avec les autorités locales. C’est à nous de mettre en valeur les fils du Sénégal qui sont dans la région. Cela fait partie de mon projet pour cette juridiction. Et pour y parvenir, j’ai besoin de toutes forces. J’ai besoin que tous les Sénégalais de la région m’accompagnent dans cette mission. J’initierai dans ce sens des journées portes ouvertes aux Sénégalais, où chacun pourra venir me parler de ses problèmes, de ses projets. Je n’ai pas la solution tout, mais je promets que j’essayerai d’apporter ma contribution, en m’appuyant sur l’équipe qui l’entoure, pour l’épanouissement des Sénégalais.
Sous quel format se déroulera la cérémonie officielle de prise fonction, ce lundi 9 mai ?
La cérémonie sera ouverte à tous les Sénégalais, à tous les amis qui ne sont pas sénégalais. Comme je vous l’ai déjà dis, j’ai pris fonction il y a deux semaines. Là c’est juste une cérémonie symbolique.