24 000 candidats au retour en Mauritanie
« C’est la fin d’un processus, explique Didier Laye, le représentant du HCR à Nouakchott, car des retours volontaires ont eu lieu depuis 1993 ». En effet, ceux qui rentrent au pays aujourd’hui ne sont pas les tout premiers. Des retours se sont déroulés de manière spontanée à partir du rétablissement des relations diplomatiques entre la Mauritanie et le Sénégal. Awa Aw est une fonctionnaire, rentrée d’elle-même en 2000. Elle est venue accueillir ses compatriotes au débarcadère de Rosso-Ville, une banderole à la main. « Moi je suis très heureuse qu’ils rentent enfin chez eux ! J’espère aussi que les autorités ne vont pas oublier ceux qui sont revenus avant, comme moi. J’espère qu’ils vont nous aider ». Le HCR estime à 75 000 le nombre de Mauritaniens à avoir été expulsés du pays entre 1989 et 1990. A l’époque, c’est un conflit local entre bergers et cultivateurs qui dégénère, entraînant ensuite des violences interethniques entre Maures et Négro-Mauritaniens, violences encouragées par les autorités de l’époque. Selon les chiffres officiels, environ 35 000 Mauritaniens seraient déjà rentrés ces dernières années. Il resterait donc 24 000 candidats au retour au Sénégal et 6 000 au Mali.
Cérémonies officielles
Après une courte cérémonie côté sénégalais, au cours de laquelle le gouverneur de Saint-Louis a tenu à saluer le courage et la dignité des Mauritaniens exilés, les réfugiés montent dans le bac. Habib Thiam, du HCR, procède à l’appel des candidats. Chaque chef de famille tient dans la main sa fiche de rapatriement volontaire, avec le détail des âges et prénoms de ses enfants. Impossible pour une personne non inscrite de monter en douce à bord du bateau, le contrôle est strict. Au final, une seule famille manque à l’appel. « Je suis content de rentrer chez moi, explique Mamadou, un jeune frigoriste de 25 ans. Mais j’espère que nous ne serons pas trahis. J’espère que nous serons accueillis avec respect et qu’il y aura du travail pour nous ». Mamadou vient du village de Dagana, sur la rive sénégalaise. Il a décidé de rentrer en Mauritanie de son plein gré, malgré les ultimes hésitations des représentants locaux des réfugiés. « Ils se sont mis à douter au dernier moment pour des questions liées aux terres et à l’espace auquel ils vont avoir droit, décrypte Amadou Moussa Sow, le chef de site de Tiabakh, au Sénégal. Mais finalement, on a réussi à désamorcer la crise ». Vers midi, le bac s’ébranle et quitte la rive sénégalaise. Le trajet dure à peine dix minutes. De l’autre côté, des centaines de personnes piétinent d’impatience, prêts à les accueillir. Deux représentants des réfugiés descendent du bateau en se tenant fermement les mains, levées vers le ciel. Applaudissements et youyous dans l’assistance. « Nous devons désormais faire en sorte que de tels événements ne se passent plus, déclame alors le maire de Rosso-Ville. Vive la Mauritanie unie, Vive la Mauritanie réconciliée avec elle-même ! ».
Après quelques contrôles d’usage, les réfugiés sont acheminés sur les « sites de retour ». Ils sont au nombre de trois pour la région du Trarza : Rosso-Ville, le PK 6 (pour « Point Kilométrique 6 », à 6 km de Rosso) et Médina Salam, à une cinquantaine de kilomètres de Rosso. Le HCR, assisté par une ONG locale (l’Association de lutte contre la pauvreté et pour le développement), a désormais pour mission de les encadrer logistiquement durant trois mois. Autrement dit, de leur fournir une assistance alimentaire et matérielle. Du ciment doit ainsi leur être rapidement distribué pour les aider à construire de nouvelles maisons. Si le premier test du Trarza se déroule bien, les retours seront ensuite organisés dans la région du Brakna, plus en amont sur le fleuve. D’après les autorités, ce rapatriement volontaire doit théoriquement s’étaler sur un an. « A l’issue du processus, explique le ministre secrétaire général de la présidence, Yahya ould Ahmed El Waquef, on ne parlera plus de réfugiés mauritaniens ».
Source: RFI