Mauritanie: Le mystère de Tourine, Morts introuvables

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Plus de vingt-quatre heures après l’embuscade meurtrière tendue à une patrouille de l’armée nationale à , une localité d’accès difficile située à environ quatre vingt kilomètres au sud est de Zouerate, l’opinion attend une communication officielle sur l’affaire. Le silence des autorités crée davantage de confusion et laisse perplexe la population.Combien de morts? Où sont leurs cadavres et y a-t-il eu de survivants ou encore qui sont les agresseurs? Autant et bien d’autres questions demeurent posées et risquent de rester sans réponse pour bien longtemps encore.Si en 2005, lors de l’attaque de Lemgheïty, les autorités avaient vitre fait de communiquer les résultats de l’attaque, ses morts et blessés des deux côtés, pour ce qui est de , les nouvelles autorités semblent avoir privilégié l’option du silence total.Les quelques bribes d’informations à fortes doses de rumeurs soutiennent qu’un avion militaire de reconnaissance a repéré depuis hier une colonne de véhicules camouflée dans ce désert de sable à quelques kilomètres du lieu de l’attaque.Par trois fois, l’avion aurait survolé la colonne et des renforts ont pris la direction des lieux. Les mêmes sources (militaires) à l’origine de ces thèses, ajoutent que les meilleurs des renforts sont partis d’Atar, notamment le Bataillon des Commandos parachutistes (BCP), une unité d’élite de l’armée. En plus de ces éléments, d’autres unités jusque-là éparpillées dans les régions environnantes convergent vers les lieux où, dit-on, les assaillants seraient encerclés.

Le lieu où est intervenue l’opération se situe à plusieurs kilomètres à l’intérieur du territoire national et donc, loin des frontières avec les pays environnants. Ce qui rend la tâche difficile pour les assaillants, qui doivent parcourir des étendues énormes de sables mouvants et où l’on est observé à perte de vue sur plusieurs kilomètres. Cela aurait pu constituer un avantage pour l’armée nationale, si elle n’était pas en butte d’un cruel manque d’équipement et de désorganisation.

L’absence de moyens aériens permettant d’acquérir une force de frappe supérieure à l’ennemi fait qu’à chaque fois, celui-ci arrive à passer entre les mailles des soldats. Il y a trois ans, lors de l’attaque de Lemgheïty, les assaillants arrivaient à s’infiltrer sans être inquiétés. Jamais l’affaire ne sera totalement élucidée et tout laisse à penser que Tourine connaîtra le même sort.Le déficit de communication de l’armée, qui demeure silencieuse jusque-là sur l’attaque, en dit long sur le manque de maîtrise de la situation.

Où sont passés nos soldats?

Et pourtant, cette opération constitue un test important pour les nouvelles autorités, qui avaient justifié l’opération du 6 août pour, entre autres raisons, le déficit sécuritaire sous l’ancien pouvoir. Le Haut Conseil déjà fortement épinglé par la classe politique, doit nécessairement mettre la main sur les assaillants.Ce qui est loin d’être une opération de routine tant les assaillants disposent d’un arsenal de guerre impressionnant, à en juger par les témoignages des militaires contactés à la suite de l’attaque.

Pour le moment, l’on ignore si les militaires qui manquent à l’appel sont vraiment morts ou faits prisonniers, puisque le commandant militaire dans la région qui s’est rendu sur les lieux n’a trouvé aucun corps. Il a tout juste répéré quelques traces de sangs et des douilles de balles. Les assaillants ont-ils fait prisonniers tout le monde ou ont-ils pris le temps d’enterrer leurs victimes? La question est de mise.Quoi qu’il en soit, il y a une urgence pour les autorités à communiquer afin de lever l’équivoque sur une situation, qui commence déjà à prendre, chez certains, les allures d’un montage macabre.

En attendant, les uns et les autres ne doivent pas exploiter, à des fins politiciennes, une situation où il y a eu mort d’hommes. Or, à écouter les différents “orateurs” de la République, on constate qu’entre les quelques prières lues à la mémoire des victimes et la tentation de faire le rapprochement avec la crise politique actuelle (comme unique explication à ce qui vient de se passer), certaines larmes s’apparentent à bien des égards à celles d’un grand reptile à fortes mâchoires bien connu de tout le monde: le crocodile.

Posté   le 18 Sep 2008   par  

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