En
Afrique, en
Asie, en
Amérique, en
Europe, en
Océanie…
Bob Marley est partout. Non, le roi du reggae n’est pas mort. Il est toujours parmi nous.Quel artiste peut se prévaloir 26 ans après sa disparition physique d’avoir un tel rayonnement planétaire ? Personne. C’est ce don et cette influence posthume qui ont dressé le petit prince de
Trenchtown au rang de mythe. Pourtant, son parcours n’a pas été sans embûches.De son vrai nom
Nesta Robert Marley, Bob Marley est né le 6 février 1945 à
Rhoden Hall, en
Jamaïque. Adolescent, il quitte la campagne pour
Kingston, comme beaucoup de Jamaïcains que la misère pousse vers les villes. Pourtant, le travail y est rare et
Bob vit à
Trenchtown, sordide ghetto où se concentrent la pauvreté, le crime et la crasse, dans une promiscuité bien peu poétique. C’est là qu’il rencontre
Neville Levingston, alias
Bunny Wailer, et
Winston Hubert McIntosh, dit
Peter Tosh, avec qui il forme le groupe
The Wailersen 1963.
Les premières années du groupe sont difficiles. Le succès n’est pas au rendez-vous. Après avoir fréquenté le chanteur américain Johnny Nash, à qui il fournit quantité de compositions inédites dont Stir It Up (qui deviendra bientôt un succès pour Nash), Bob Marley contacte Chris Blackwell, le patron des labels Trojan et Island Records. A ce point charnière de sa carrière, celui que l’on surnommait Tuff Gong à Trenchtown a, déjà, contribué à au moins 350 morceaux enregistrés en studio, dont une grande partie ne sera révélée au public international que très tardivement, bien après sa mort.
Après une tournée anglaise Bunny Wailer quitte le groupe, puis c’est Peter Tosh qui s’en va, laissant Bob à sa carrière solo. Le nom des Wailers sera, désormais, celui de ses accompagnateurs. Son premier album est le chef-d’œuvre Natty Dread. Suivront le Live enregistré à Londres en 1975, qui contient son premier succès international No Woman No Cry où il console une femme affectée par la violence des ghettos, puis l’essentiel Rastaman Vibration (1976) qui sera le disque de Bob le plus vendu de son vivant, et son premier succès américain.
En mai 1977,
Bob Marley apprend qu’il souffre d’un cancer de la peau, suite à une blessure mal soignée au pied. On lui prescrit une amputation urgente de l’orteil, mais un mélange de superstition de son entourage, de pression en pleine tournée européenne, et sans doute une forte consommation de chanvre contribuent à retarder l’opération. En avril 1978,
Bob Marley & the Wailers font un retour triomphal en
Jamaïque. Bob parvi
ent à réunir sur scène, lors du One Love Peace Concert, les deux ennemis politiques qui se disputent le pouvoir, Edward Seaga et le Premier ministre Michael Manley. C’est le sommet de sa carrière. Sans arrêt en tournée, Bob Marley & the Wailers enregistrent l’album en public Babylon by Bus au Pavillon de Paris en 1978, puis l’album Survival. Les succès se multiplient.
En 1980,
Bob Marley passe un examen qui révèle cinq tumeurs. Il ne dit rien à son entourage et joue un dernier concert enregistré à P
ittsburgh. Bob part ensuite pour une clinique de
Bavière où il suit un traitement qui prolonge sa vie au prix de dures souffrances. Le cancer se généralise.
A la fin de sa vie, Bob Marley se convertit à l’Eglise orthodoxe éthiopienne, dont la plus haute autorité était l’empereur d’Ethiopie Haïlé Sélassié 1er (Jah Live), considéré par les rastas comme étant la réincarnation de Jésus annoncée dans l’apocalypse («le roi des rois, seigneur des seigneurs»). Il souhaitait finir ses jours en Jamaïque, mais décède à Miami le 11 mai 1981. Un artiste s’en va, un mythe naît.
Bob Marley a fait découvrir au monde le reggae, un riche dérivé du rythm and blues qui a, considérablement, influencé la musique populaire occidentale, et ce bien plus qu’il est généralement admis (le dub et le rap sont directement issus du reggae). Sa musique a touché tous les publics, transcendant les genres.
La dimension de Bob est bien plus large que celle du simple chanteur capable de produire des succès populaires comme Is This Love ou Could You Be Loved. Il exprime l’affirmation de la dignité et la valorisation d’une identité africaine pour son peuple bafoué par des siècles d’esclavage (Slave Driver, Redemption Song), de colonialisme (Music Lesson, Crazy Baldhead) et d’oppression économique (Revolution).
De plus, il incarne avec le mouvement rasta l’éveil de l’humanité à une révolution spirituelle contre un oppresseur qui est le fruit d’une imposture chrétienne (Get Up Stand Up), voire païenne (Heathen), capitaliste (Rat Race), raciste et hypocrite (Who the Cap Fit) à la fois. Parolier remarquable, Bob Marley reste d’abord un symbole d’émancipation et de liberté. Il est, aussi, devenu l’un des symboles universels de la contestation (Soul Rebel), voire de la légitime défense (I Shot the Sheriff).
Miroir de l’esprit rebelle des peuples opprimés, héros, exemple et modèle à la fois,
Bob Marley est considéré par plusieurs générations comme le porte-parole défunt, mais privilégié des défavorisés. Il est avant tout le premier musicien à incarner et assumer pleinement et naturellement cette identité de porte-parole contestataire, un statut que d’autres musiciens comme
James Brown, Bob Dylan ou
John Lennon ont approché, mais n’ont jamais totalement obtenu ou assumé.
Info source : kaneh