Le transport aérien va mal en Afrique et particulièrement dans l’espace de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) qui compte 60 compagnies aériennes riches de plus 300 aéronefs caractérisés en majorité par leur vétusté. Le tout pour un trafic qui ne représente que 4% du débit mondial, mais qui entraîne néanmoins 25% des accidents aériens sur la planète.
La problématique du transport aérien dans la région ouest africaine, déjà aiguë au lendemain de la disparition d’Air Afrique en début 2002 continue de se poser avec acuité. Le développement du transport régional sera au cœur du prochain sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) en décembre 2008. Pour l’heure, l’espace dispose de 60 compagnies aériennes de « petite taille », 300 aéronefs vieillissants, en majorité mal entretenus pour une clientèle de 300 millions d’âmes. Le transport aérien y va mal. D’autant plus que s’il ne représente que 4% du trafic mondial, il totalise néanmoins, 25% des accidents dans le monde. 6%, est la part des échanges entre les 15 Etats de la Communauté sur l’ensemble de leur commerce international. C’est du moins l’avis de M. Mansour Diop, consultant aéronautique, ancien Directeur de la communication de la compagnie « Air Afrique » de vieux souvenirs, qui exposait sur le sujet le 17 novembre dernier à l’occasion d’un dîner débat offert par « Dakar Alizé », membre des Rotary clubs du Sénégal.
Selon le conférencier du soir, Laurent Gbagbo, président de la République de Côte d’Ivoire déclarait en septembre 2008 dernier à l’occasion de la réunion des ministres des transports des pays membres de la CEDEAO à Yamoussoukro : « Cette situation inacceptable plombe des pans entiers de notre économie, d’autant que le transport représente un maillon essentiel dans les échanges commerciaux ». Pour étayer, le chef de l’Etat ivoirien ajoutait, narre Mansour Diop, « quand vous envoyez un ministre à Abuja où se trouve le siège de la Cedeao, il a au moins deux nuits en chemin, or la capitale nigériane est à deux heures de vol d’Abidjan » ; estimant dans la foulée qu’il faut une interconnexion des compagnies aériennes. « Qu’elles se réunissent pour vendre les billets ensemble, harmonisent leurs heures de vol, et qu’il y ait beaucoup d’avions en Afrique de l’Ouest. » Et Gbagbo de recommander, dit le conférencier, « il faut veiller à ce que, dans l’espace Cedeao, l’on n’ait pas la réputation des gens qui travaillent avec des avions fatigués ». Mandaté par ses pairs de la Cedeao, le président ivoirien présentera ses propositions au prochain sommet.
Les six plans qui n’ont pas pu sauver « AIR AFRIQUE »
La compagnie aérienne africaine, jadis sa fierté a vécu 41 ans jour pour jour. Du 28 Mars 1961 au 2 mai 2002, renseigne Mansour Diop. Selon lui, l’histoire de la compagnie riche d’enseignements, marquée par six plans de sauvetage qui n’ont hélas pas réussi à sauver la compagnie.
C’est ainsi, dira le conférencier qu’en 1980 on a eu droit au Plan Aoussou Koffi. En 1986, au Plan Auxence Ickonga, en 1989, au Plan Y. Roland-Billecart, en 1997, au Plan H. Tirvengadum. En 1999, au Plan Pape Sow Thiam, en 2001 au Plan Banque Mondiale. Devant les échecs répétés, le bilan de la compagnie est déposé le 25 Avril 2002 au tribunal de commerce d’Abidjan qui en prononce la liquidation le 2 Mai 2002. La « Nouvelle Air Afrique » annoncée par les chefs d’Etat membres d’Air Afrique est morte dans l’œuf malgré leurs discours et les travaux du « Comité de pilotage » mis en place, s’est désolé le conférencier.
Création de la Compagnie aérienne ASKY (Africa Sky) ASKY est une compagnie Aérienne multinationale d’essence et de droit privés, créée et financée par des investisseurs privés personnes physiques et morales et des institutionnels. Selon l’ancien directeur de la communication d’Air Afrique, ASKY est une compagnie gérée par des professionnels, selon les règles de l’art, et mise à l’abri des interférences politiques. Il ajoute, informant sur les caractéristiques de la nouvelle compagnie : « C’est une compagnie ouverte à des partenaires opérationnels et stratégiques, aux autres Compagnies aériennes africaines. Une Compagnie aérienne multinationale crédible, disposant d’une assise financière convenable, incluant des pays francophones, anglophones et lusophones de l’Afrique de l’Ouest, du Centre et du Sud ». Elle se veut sous-régionale d’abord, mais aussi résolument internationale, et qui est capable d’apporter des solutions globales et complètes aux problèmes de transport aérien, avance Mansour Diop. Selon lui, les es premiers vols de cette compagnie sont attendus au plus tard en décembre 2008. « Si la vision et la mission sont respectées, une bonne partie des soucis, s’envolera. C‘est pourquoi les ministres des Transports de la Cedeao et de l’Uemoa réunis à Yamoussoukro le 4 septembre dernier ont décidé de soutenir la création de la compagnie régionale ASKY », a-t-il fait noter à l’assistance.
Libéralisation du ciel africain »
Des organisations africaines de l’aviation ont signé un accord tripartite pour une libéralisation totale des cieux africains et l’ouverture immédiate des négociations avec l’Union européenne sur un espace aérien commun, conditions essentielles pour le décollage économique du continent. L’Association des compagnies aériennes africaines (AFRAA) basée à Nairobi, la Commission africaine de l’aviation civile (Afcac) basée à Dakar et la section Afrique du Conseil international des aéroports sise à Casablanca ont signé l’accord tripartite visant à améliorer le transport aérien. Dans le cadre de l’accord, l’Afcac a été chargée de mettre en place une agence d’exécution pour garantir l’application totale de la Déclaration de Yamoussoukro, indiquera le conférencier. Il retiendra en guise de conclusion que des dispositions sont en train d’être prises « pour, au-delà des discours, procéder à la création de compagnies régionales privées, solides financièrement, de taille respectable pour se battre auprès des grandes compagnies, appuyées par les Etats ». n’empêche, souligna-t-il, « il faudra nécessairement revenir aux principes du métier, à savoir la rigueur garantissant la sécurité, la ponctualité, le confort, l’autonomie et l’indépendance des dirigeants pour une bonne gestion sous le contrôle d’un conseil d’administration rigoureux. Passer les alliances nécessaires, judicieuses, pour ne pas rester en marge de la mondialisation, ce qui oblige à se mettre au standard des transporteurs internationaux, donner la place au fret aérien, aujourd’hui largement laissé entre les mains des opérateurs européens… »
Des discussions intéressantes ont suivi son exposé. On apprenait ainsi que seuls 65 milliards ont été pour l’heure récoltés et versés dans la caution de garantie pour Ndiass en construction dont la construction ne s’explique nullement par un quelconque « (sur)trafic »de l’aéroport Léopold Sédar Senghor qui serait même « sous utilisé ».
Auteur: Madior FALL
Source: Seneweb.com