D’abord, la non-fiabilité du fichier électoral, que nous avons dénoncée dès l’amorce de la refonte des listes. S’agissant des cartes d’électeur, on nous a juré que le recours à la biométrie interdirait toute double inscription. Or les autorités elles-mêmes admettent que le procédé n’a pas été mis en oeuvre. Dès lors, dans tout le pays, des gens se sont baladés d’un bureau à l’autre, munis de plusieurs cartes. Ensuite, il y a eu détournement massif des documents de vote. Des centaines de milliers de citoyens n’ont pas eu accès à des cartes pourtant émises, et dont certaines ont été utilisées par d’autres. Le pouvoir a en outre refusé l’usage d’un spray indélébile, imparable contre le double vote, sous le prétexte absurde de danger cancérigène. L’encre employée le jour J était elle aisément lavable.
Dans 32 départements sur 35, les bordereaux de résultats adressés à la Commission électorale nationale autonome (CENA) ne sont pas parvenus sous pli scellé comme l’exige la loi, d’où forte présomption de manipulation. A Touba, où Abdoulaye Wade a atteint des scores soviétiques, le scrutin a démarré très tardivement, avant d’être prolongé -illégalement- jusqu’à 2h00 du matin, souvent à la lueur de lampes tempêtes, voire dans l’obscurité. Dans la seule communauté rurale de Touba-mosquée, on a recensé pas moins de 404 «abris provisoires» ; en clair, des bureaux de votes improvisés sous la tente pour cause de manque de locaux. Dans certains cas, le président et son assesseur étaient mineurs. Le vote des militaires et des para-militaires -une nouveauté chez nous- a été étalé sur deux jours, sans qu’il soit possible de contrôler les conditions dans lesquelles les urnes ont été stockées dans l’attente du dépouillement. Enfin, le vote de la diaspora est lui aussi sujet à caution. Dans cinq pays, le nombre de suffrages exprimés est supérieur à celui des inscrits. C’est notamment le cas en Italie, où l’écart approche les 2000 voix.A juste titre. De fortes sommes d’argent ont été distribuées de façon ostensible devant certains bureaux de vote. Quiconque rapportait les bulletins de vote des 14 rivaux du président sortant recevait en retour 5000 ou 10000 francs CFA (7,50 ou 15 euros environ). Il est clair qu’en cas de scrutin transparent, il y aurait au moins eu un second tour.
Une certitude : les recours introduits n’ont aucune chance d’aboutir. Comme la CENA est à la botte du ministère de l’Intérieur, le Conseil constitutionnel est composé de magistrats aux ordres.Cette apathie ne frappe pas la seule opposition. C’est le Sénégal qui est abasourdi. Un profond malaise étreint tout le pays. Car tout le monde voit bien que la victoire de Wade ne reflète nullement notre paysage politique.
Son jeu est pour le moins troublant. Seck n’a pas joué franc-jeu. Il y a entre lui et Wade présomption de complicité. A l’évidence, un pacte, dont j’ignore les termes, lie les deux hommes.
Son jeu est pour le moins troublant. Seck n’a pas joué franc-jeu. Il y a entre lui et Wade présomption de complicité. A l’évidence, un pacte, dont j’ignore les termes, lie les deux hommes.
Posté le 19 Mar 2007 par biko