Haïlé Selassié I, Bokassa, Paul Biya, tous empereurs africains ?

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De Jules Faravella, nous avons appris que plus de cinq cents journalistes avaient pris d’assaut les rives de l’Oubangui pour couvrir « l’un des plus grands événements du XXe siècle».

La glorification d’un homme, le couronnement d’une vie, le sacre de l’absurde. Dans un Palais omnisports de Bangui entièrement drapé de rouge, cinq mille invités en tenue d’apparat venus attendre l’empereur .

Un trône avait été construit à son image. Un aigle aux ailes déployées dans le soleil, emblème de l’empire. Ces pitreries qui ont hissé au firmament un certain nombre de chef d’Etat africain ont contribué devant l’histoire du continent à ternir l’image de l’Afrique.

Nous l’avons vu avec la Guinée. En Guinée-Conakry, la constitution a été modifiée 2002 dans l’intention d’autoriser le président Lansana Conté à se représenter, à la fin de son second et dernier mandat aux élections présidentielles.

Nous l’avons vu avec le Tchad avec sa constitution modifiée en 2005 et qui a permis à Monsieur à se maintenir  au  pouvoir depuis son coup d’État de 1990.

Nous l’avons vu en Mauritanie avec, la modification de sa constitution en 1991 et qui  a permis à Maaouyia Ould Sid’Ahmed Taya de rester au pouvoir de 1984 à son renversement par coup d’État en août 2005.
Même scénario au Burkina Faso avec un subtil jeu de levée de la limitation du nombre de mandats en 1997, puis de restauration de cette limitation en 2000. est au pouvoir depuis son coup d’État de 1987.
 
Nous l’avons vu en Tunisie  avec  la constitution qui a été modifiée  en 2002 pour permettre au président de se représenter à l’élection présidentielle de 2004 qu’il a remporté par un suffrage avec 94,48 % de voix  exprimées en sa faveur pour un quatrième mandat. Pourtant, lorsqu’il avait destitué en 1987 le premier président Tunisien malade, Habib Bourguiba, 84 ans, Ben Ali avait promis de mettre fin à la présidence à vie.

Dans la même foulée, le Togo a modifié sa constitution  en 2003. Ce qui a permis à feu Gnassingbé Eyadema de se faire réélire pour un troisième mandat de cinq ans, au terme de 36 années au pouvoir jusqu’à sa mort en 2005.

Au Gabon, la constitution a été  modifiée en 2003, avec notamment la suppression de la limitation du nombre de mandats présidentiels initialement fixé à deux. Le président en exercice peut maintenant se présenter à l’élection autant de fois qu’il le voudra.

En Ouganda, la constitution a été modifiée en 2005 afin de maintenir  Yoweri Museveni au pouvoir depuis sa victoire militaire contre le régime en place en 1986.

Avec la nouvelle constitution du Cameroun, le pays doit nager désormais dans l’épopée napoléonienne. Tout est fait pour rappeler ce « petit caporal » dont , ancien capitaine de la « Coloniale » (vingt-trois ans de service dans l’armée française, dix-sept médailles et la Légion d’honneur en prime), louait la grandeur et l’intelligence et savourait le goût de l’éternité au pouvoir.

A la différence de Bokassa en Centrafrique qui n’avait pas sollicité son assemblée nationale, Monsieur Paul Biya au Cameroun l’a fait et  attendrait probablement le mois de décembre 2008 pour officialiser la construction de son trône car, le mois de décembre nous rappelle le sacre de Bokassa ( 4 décembre) sans oublier le 2 décembre (1804), qui vit le sacre de Napoléon Ier en la cathédrale Notre-Dame de Paris. A près de 75 ans, Monsieur Paul Biya touche au sommet de sa vie. L’ascension aura durée plus de 25 ans. Avec la nouvelle constitution il est « président à vie ». Désormais, l’empire est officiellement proclamé. Biya 1er est sacré.

La question que nous nous posons est celle de savoir pourquoi l’opinion publique nationale et surtout internationale a laissé Biya donner de l’Afrique une image aussi pitoyable. Pour ne pas paraître ridicule, nous vous souhaitons un bon vendredi et à vendredi.

© Camer.be : Hugues Seumo
Paru le 25-04-2008 10:05:20

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