Devant le silence assourdissant des chefs d’Etat africains et françafricains, devant le déni de souveraineté fait au Tchad et la tentative sous prétexte humanitaire d’enlever 103 enfants africains du Tchad, le président de la Commission de l’Union africaine a pris position. On se souvient que le 06 novembre 2007, le président français, peut-être mal informé ou faisant fi de l’indépendance du Tchad ancienne colonie française et de l’indépendance en principe de sa justice, avait affirmé sans coup férir qu’il irait chercher les Français détenus pour tentative d’enlèvement d’enfants, escroquerie et complicité, «quoi qu’ils aient fait». Il parlait des Français de l’association dénommée Arche de Zoé en France arrêtés in extremis au Tchad lors de leur tentative de ramener illégalement en France des faux orphelins du Darfour. Ledit président avait déjà affirmé qu’il allait «sensibiliser» le président tchadien à la présomption d’innocence, comme un maître faisant la leçon à un garçonnet…
Une affaire gravissime sur laquelle l’opinion française s’est alignée sur la position selon laquelle les Blancs, vraisemblablement coupables en Afrique, devraient être ramenés en France, opposition et majorité tirant dans le même sens. Nul ne pense à la réciproque, des Africains soupçonnés de délits graves qui seraient rapatriés en Afrique sans jugement, et afin éventuellement d’être jugés dans leurs pays.
Les élites et courtisans des pouvoirs de la Francafrique se taisent ou font des désapprobations de forme, des gloussements hypocrites, ne voulant risquer les raclures auxquelles ils s’espèrent destinés.
La réaction de M Konaré aurait de loin pu être plus tranchée et ferme, mais à défaut de mieux, elle mérite d’être connue. Un communiqué de presse (du 07.11.07) transmis par l’Appa permet de connaître les propos du président de la Commission. En espérant que le ton sera donné pour les présidents durables, les intellectuels et les opinions publiques pour au delà de la réaction épidermique, comprendre enfin le monde dans lequel nous vivons tous.
Le Président de la Commission de l’Union africaine, S.E. Alpha Oumar Konaré, continue de suivre avec une attention toute particulière le dossier des enfants tchadiens dans le cadre des informations ouvertes contre l’ONG française « L’Arche de Zoé ». Le Président de la Commission avait condamné en son temps, le 27 octobre dernier, le comportement scandaleux que rien ne peut justifier de cette association et avait salué alors les prises de position ferme du gouvernement tchadien et du gouvernement français dans cette affaire.
Le comportement de l’association « Arche de Zoé » constitue, sans nul doute, une dérive de l’ingérence humanitaire surtout quand elle est mise en œuvre de façon unilatérale et sans humilité. Ce comportement traduit l’exploitation irresponsable de la pauvreté, de la misère et de la détresse de nos populations en situation de conflits ; il est l’une des conséquences des informations inexactes et réductrices colportées à propos de l’Afrique, et surtout sur les conflits africains dont celui du Darfour/Soudan.
L’Afrique ne saurait être la terre des sans-loi et du non-droit, la terre de toutes les aventures et de tous les aventuriers, la terre de « nouveaux messies ». C’est une question de dignité et de respect de nos peuples, et du respect de l’Homme tout court. Une seule réponse à cela : une Afrique plus responsable qui s’assume et qui compte d’abord sur elle-même, qui assume son principe de non-indifférence dans une perspective démocratique pour régler sans complexe ses conflits, sinon éviter des drames comme celui qui se déroule au Soudan/Darfour. Il est indispensable que le dossier de « l’affaire de l’Arche de Zoé » soit traité dans le respect de la souveraineté du Tchad et des institutions tchadiennes, conformément aussi aux respects des droits de l’homme et de l’Etat de droit.
Le Président de la Commission de l’Union africaine, S.E. Alpha Oumar Konaré tient à réaffirmer sa solidarité avec les familles affectées et son appui au peuple et au gouvernement tchadiens.
Source: Afrikara